Définition de ROIDIR OU RAIDIR

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : roi-dir ou rè-dir. La prononciation rè-dir est aujourd'hui la plus usitée de beaucoup

DÉFINITIONS

1
Tendre ou étendre avec force. Roidissez le bras.
Sémantique : Terme de charpenterie. Raidir un étai, l'amener à une pression propre à soutenir un mur.
2
Rendre roide, incapable de mouvement.
Lorsque la vieillesse me courbera le dos et me raidira les jarrets
Leurs habits mouillés [dans la retraite de Moscou] se gèlent sur eux ; cette enveloppe de glace saisit leurs corps et raidit tous leurs membres
3
Sémantique : Fig. Rendre ferme, roide.
Ce fut [l'intérêt de Mme de Maintenon et d'Harcourt] ce qui les roidit à soutenir Mme des Ursins
Il [Colomb] avait, comme tous ceux qui forment des projets extraordinaires, cet enthousiasme qui les roidit contre les jugements de l'ignorance
4
Nature : V. n. Devenir roide. Le linge mouillé roidit par la gelée.
Sémantique : Fig.
Gauche, mal à l'aise, souffrant dès 89 sous les risées de la Constituante, il [Robespierre] avait raidi de haine, et s'était comme dressé sous l'applaudissement du peuple
de MICHELET dans Hist. Révol. IX, 4
5
Se roidir, Nature : v. réfl. Devenir roide. Le linge mouillé se roidit par la gelée.
Ses bras se roidissent, la pâleur de la mort couvre son front
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Ad. et Th. t. II, p. 50, dans POUGENS
Se tenir roide.
Faisons comme les enfants et les ivrognes, qui ne se cassent jamais ni jambes ni bras quand ils tombent, parce qu'ils ne se roidissent pas pour ne pas tomber
Pour m'arrêter je me roidis ; Mais le tourbillon me dit : passe
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Juif errant.
Se dit d'un cheval qui, par fantaisie, refuse d'avancer.
6
Sémantique : Fig. Tenir ferme, ne vouloir point se relâcher.
L'âme doit se roidir plus elle est menacée
Il faut avouer que la religion a quelque chose d'étonnant ; c'est parce que vous y êtes né, dira-t-on ; tant s'en faut, je me roidis contre par cette raison-là même, de peur que cette prévention ne me suborne
Mais, ma chère bonne, il y a des extrémités où l'on romprait tout, si l'on voulait se raidir contre la nécessité
Je viens.... vous faire admirer un homme qui ne se détourna jamais de ses devoirs ; qui, pour maintenir la raison, se roidit contre la coutume
S'il survient un grand événement, il [le diplomate] se roidit ou il se relâche selon qu'il lui est utile ou préjudiciable
de Jean de LA BRUYÈRE dans X.
Il faut.... que nous nous roidissions sans relâche contre nous-mêmes
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Tiéd. 2
Le roi s'était roidi à n'excepter aucun de ceux qui entraient dans le service, de passer une année dans une de ses deux compagnies de mousquetaires
Le cardinal Mazarin, qui ne se raidissait pas contre les difficultés comme Richelieu
Avec ellipse du pronom personnel.
Quelle est votre pensée, et quel bourru transport Contre vos propres voeux vous fait roidir si fort ?

HISTORIQUE

1
XIIe s.
[Il] Roidist la jambe, si s'afiche as estrez [étriers]
dans Ronc. p. 57
2
XIIIe s.
[Les femmes] Sanglent estroit leur testes d'un las ou d'un chapel, Pour leur frons defroncier et pour redir la pel
dans Contenance des femmes
3
XIVe s.
Le mettez [le lièvre] harler sur le greil, id est roidir sur bon feu de charbon
dans Ménagier, II, 5
4
XVe s.
Les aucuns sont mortz et roydiz ; D'eulx n'est-il plus rien maintenant
de François de Montcorbier, dit VILLON dans Grand testam.
5
XVIe s.
Ce n'est pas assez de luy roidir l'ame, il luy fault aussi roidir les muscles
de Michel de MONTAIGNE dans I, 165
Cettuy cy se peine, se roidit et se tend, pour....
de Michel de MONTAIGNE dans II, 105
Ils accomodent bien la reigle de justice, la faisant ployer à leur profit, et la roidissant à la ruine d'autrui
Elle le vit, froid et terni, roidir entre ses bras
de Jacques YVER dans p. 593

ÉTYMOLOGIE

1
Roide ; Berry, redzir.